L’ Œuvre

Israël en Égypte

Georg Friedrich Haendel

Article de Thierry Merle

L’œuvre

Israël en Egypte est certainement l’oratorio le plus ambitieux de Haendel pour les chœurs. Cette grande fresque sonore, appuyée sur un texte biblique à la fois fondateur, mais aussi éminemment descriptif, permet à Haendel de mettre son génie au service du matériau musical le plus somptueux.

L’œuvre exploite le thème des 10 plaies d’Egypte, et du retour d’Israël vers la terre promise. Contrairement à une Passion de Bach ou à un opéra de Mozart, Haendel n’emploie qu’épisodiquement le récitatif, mais il a l’audace de donner aux chœurs l’essentiel du discours narratif.

 

Portrait de Haëndel

Le chœur est à 8 voix, ou plus exactement il se subdivise en deux chœurs à 4 voix parfaitement autonomes. Ils interviennent à la fois pour dire l’action et pour la commenter. Tout est demandé aux choristes : agilité pour vocaliser, puissance pour imposer un discours, déclamation pour traduire la narration. L’accompagnement orchestral est quant à lui somptueux, avec pas moins de 6 chœurs où interviennent les trompettes, et 13 les trombones. Dans le passage de la mer Rouge, Haendel utilise les timbales sans l’harmonie, ce qui était une pratique inconnue à son époque.

De fait, les solistes ont un rôle plus réduit, mais leurs interventions n’en sont que plus colorées : deux airs pour haute-contre, un pour soprano, et deux duos magnifiques, l’un pour deux sopranos, l’autre faisant dialoguer le ténor et le haute-contre.

Ceux qui connaissent l’œuvre par les enregistrements ou par les trop rares concerts d’Israël en Egypte seront peut être étonnés que le duo de basses ne soit pas nommé ici : en effet, les pupitres hommes de l’Ensemble Vocal étant suffisamment fournis et aguerris, l’accompagnement orchestral très fourni utilisant les bois et les cordes nous a incité à faire dialoguer ténors et basses du chœur. L’auditeur pourra nous dire si cette option s’est révélée adéquate.

 

 

Statue de George Frideric Handel dans la vieille ville de Halle -Allemagne

Enfin, sans entrer trop en détail dans la technique de composition de Haendel mise en œuvre pour cet oratorio, nous pouvons dire que nous sommes frappés par la variété extrême des formes d’écriture qui se succèdent au cours de ces 90 minutes de musique. Passages lents, passages rapides ; passages puissants, passages aériens ; passages en mode majeur, passages en mode mineur ; soli, tutti …

Et même, utilisation ici et là du mode Dorien, mode qui n’est plus utilisé depuis le Moyen Age parce qu’impropre à guider une mélodie jusqu’à son terme. Mais ici, Haendel va porter ce mode au sein d’une harmonie la plus pure…

Quel chef d’œuvre !