Composition libre à partir du livret de Israël en Égypte
*** acte i ***
Georg Friedrich Haendel
Poème de Marc Lagardette
Regard d’un enfant du XXème siècle
Les Hébreux
Les Hébreux trop nombreux, Pharaon se méfiait.
Le peuple d’Israël, ployant sous les corvées,
Subissait nuit et jour les peines infligées.
Joseph n’était plus là, lui qui les protégeait.
Pesait sur Israël l’oppression fatale
De l’étranger ! ô Dieu, vers Toi de tous ces cœurs,
La lancinante plainte montait… Ce scandale
Tu ne l’as plus permis, Toi le toujours Vainqueur !

Travail forcé des Hébreux (Haggadah hispano-mauresque) – British Museum de Londres

Moïse sauvé des eaux – Cignani Carlo – Musée des Beaux-arts de Nancy
Moïse et Aaron
Ô Grand Dieu, n’est-ce Toi qui voulus et qui fis
Que le petit Moïse fût trouvé par la fille
Même de Pharaon, devint de sa famille ?
A côté d’Aaron, Tu accomplis, par lui
Chez ce roi, des miracles… Le bois en serpent mue,
La main guérit, Aaron plaide… rien ne remue
L’Egyptien : ces signes simples le laissent froid…
Les plaies
Mais sang et eau bientôt l’envahiront d’effroi !
Des grenouilles envahissent la chambre du roi même.
A te raidir ainsi, gagnes-tu, Pharaon,
D’autres fruits que l’horreur et le sang pour boisson ?
Ulcères, peste, poux !… Mais ta rigueur extrême,
Veut garder sous son joug le peuple d’Abraham !
Tout fut bouleversé dans le pays de Cham :
Tout était déréglé et tout se dérobait ! La grêle
Pour la pluie, la foudre et les ténèbres, le jour
Était la nuit… En écho à ces cœurs rebelles,
La nature semblait refuser son concours.

Ramsès II au Musée archéologique de Turin
Pourquoi a-t-il fallu tant de calamités ?
Le Verbe a résonné, juste était la demande !
Mais la sage Lumière les a trouvés fermés…
Claire rançon grevant tant de sévérité,
Voici ce qu’ils acquittent en sombres dividendes,
Faisant, de ces dix plaies, tristes célébrités.
Sauterelles, mouches, poux, grenouilles, éclairs, peste,
Rien ne fut épargné et tous étaient frappés !
Opprimer est proscrit
Hommes, bêtes, climat, la colère céleste
Résonnait de plus belle, du Ciel ou bien des cieux !
Et qui redouter plus ? Les éléments ou Dieu ? …
Des nues encolérées dévalant sans réserve,
Ce fut grêlons et foudre qui bientôt violemment,
Dévastèrent les champs, et tous, du firmament
Prirent crainte, effrayés que rien ne les préservent
D’un châtiment qu’ils sentaient mériter : Dieu dit
Toujours, en chaque cœur, qu’opprimer est proscrit !
Pharaon faiblit
Se répandit trois jours l’obscurité terrible,
Jours d’angoisse et d’horreur : le Dieu Râ les fuyait !
Craignant l’obstination qui rendaient invisibles
Les doux rayons divins, Pharaon faiblissait !
Au noir des consciences, au cœur de la nature,
Dehors et dans les cœurs, règne l’obscurité,
Divine conséquence de la malignité.
Et le glaive acéré tue leur progéniture !
Les premiers-nés eux-mêmes, ô Dieu ! furent frappés !
Tout innocents qu’ils fussent, ils furent les victimes
Du cœur dur des parents ! Et ce poinçon intime
Burina l’âme aride des tyrans sans pitié.

Pleureuses. Fresque figurant dans la tombe du Ramose, XVIIIem Dynastie.-1500 Source Science & Avenir

Tombe de Nebamun. Egypte 1400 BC. British Museum de Londres
L’économie, pierre de touche…
Moïse, le béni du Dieu Tout-Puissant,
Obtint que Pharaon acceptât la contrainte
De laisser les tribus prendre avec eux l’argent
Et l’or durement mérités, malgré la crainte
De l’appauvrissement à son peuple infligé.
C’était bien là le cœur du conflictuel marché !
Nulle tribu n’était pauvre ni misérable !
Moïse par son Dieu de cela fut capable !
Et soulagée, l’Egypte les regarda partir.
Car la terreur sacrée allait au loin s’enfuir…
Il est plus difficile à un riche…
Mais Pharaon bientôt revint sur sa parole,
Et Pharaon bientôt en périt submergé…
Et voici, ô hommes étonnés : l’Envoyé
Que Dieu aide à délivrer son peuple qui s’affole,
Les fait fuir en marchant sur les fonds asséchés
De la Mer Rouge puis, saufs, atteindre l’autre berge !
Pharaon les poursuit, mais les flots le submergent !
De toute son armée, il n’en resta un seul.
Cette mer, de leur sang, fut leur rouge linceul !

Ramsès II à la bataille de Qadesh. Bas-relief au grand temple d’Abou Simbel