Les Œuvres

De Profondis – Paukenmesse

Michel-Richard Delalande – Joseph Haydn

Article de Thierry Merle

De Profondis – Delalande

Recueillement et méditation dominent cette œuvre écrite très probablement pour les funérailles d’un des petits-fils héritiers de Louis XIV : le duc de Bourgogne décédé en 1712.

La variété des formes et des couleurs font de ce chef d’œuvre une réussite artistique à part entière.

Parmi les nombreuses messes des morts écrites au cours de la période des Lumières, il faudra attendre le Requiem de Mozart, soit près d’un siècle, pour retrouver un contenu offrant une émotion aussi vive. Si les quatre solistes interviennent seuls, ou ensemble, dans des morceaux parfois remarquables, c’est le chœur qui emporte avec lui les passages les plus méditatifs.

Nombreux sont les passages qui insèrent des phrases courtes à deux ou trois voix, manière sans doute de relancer l’intérêt du discours. Nous proposerons ces phrases à des solistes issus du chœur, garantissant ainsi l’homogénéité sonore de chacun des numéros et de l’œuvre dans son ensemble.

Delalande, peinture  à l'huile d'après une gravure de Charles Deblois, vers 1872, elle-même d'après le portrait à l'huile perdu par Jean-Baptiste Santerre  vers 1705

La Paukenmesse – Haydn

Portrait de Joseph Haydn

Appelée parfois Missa in Tempore Belli (Messe en temps de guerre) l’œuvre a été composée en 1796, soit 5 ans après la mort de Mozart, et donc plus d’un siècle après le De Profondis de Delalande.

Le 4 voix est la règle partout. Pour le chœur, comme pour les solistes, qui interviennent presque toujours en quatuor. C’est aussi le cas pour les instruments, 2 hautbois et 2 trompettes, le basson doublant généralement la partie basse.

La sévérité du grand siècle n’est plus là. Le « Kyrie » commence par un mouvement assez dansant qui n’ a rien d’une imploration pénitentielle.

Le style enfin est avant-gardiste. Le dyptique « Crucifixus et resurrexit » est résolument tourné vers l’avenir et ne déparerait pas à côté de celui de la Missa di Gloria de Pucini.

Le titre peut surprendre : « Messe des Timbales » ! L’ambiance générale est à la joie dans une tonalité souvent en do majeur.

L’Offertoire, placé au centre de l’œuvre, est particulièrement enjoué. Le chœur, puissant, massif, mais aussi largement expressif, est porté par un orchestre rempli d’une fougue irrésistible.